ENSORCELÉE

Quand tu es loin, mon âme est affamée, sauvagement.
Quand tu es là, je languis tout autant-
désemparée, je vois,
figée, fermée,
comme fuit la minute,
vide et stérile.

En secret j’ai voulu boire le subtil parfum de fleurs
royal et fier, de ton être, un vin sacré-
mais me voici, appesantie
comme en songe
assoiffée comme Tantale
dans les torrents limpides.

Aux heures de solitude ma langue a brûlé
de te dire les beautés que j’ai rêvées, que j’ai senties –
mais en ta présence
ma pensée sommeille,
ma porte est close
et mon cœur s’engourdit.

Karin Boye

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