J’aurais pu vivre sans toi
Vivre seul
Qui parle
Qui peut vivre seul
Sans toi
Qui
Être en dépit de tout
Être en dépit de soi
La nuit est avancée
Comme un bloc de cristal
Je me mêle à la nuit.
J’aurais pu vivre sans toi
Vivre seul
Qui parle
Qui peut vivre seul
Sans toi
Qui
Être en dépit de tout
Être en dépit de soi
La nuit est avancée
Comme un bloc de cristal
Je me mêle à la nuit.
« Nous vieillirons ensemble.
En même temps que les miens,
tes cheveux deviendront blancs
comme la neige des montagnes,
comme la lune d’été.. .»
Aujourd’hui, Seigneur,
j’ai appris que vous aimiez une autre femme,
et je viens, désespérée, vous dire adieu.
Une dernière fois,
versons le même vin dans nos deux tasses.
Une dernière fois, chantez la chanson
qui parle d’un oiseau mort sous la neige.
Puis j’irai m’embarquer sur le fleuve Yu-keou
dont les eaux se divisent
pour couler vers l’est et vers l’ouest.
Pourquoi pleurez-vous, jeunes filles qui vous mariez ?
Vous épousez peut-être un homme au cœur fidèle,
un homme qui vous répétera sincèrement :
« Nous vieillirons ensemble… »
Je te parle et tu me fuis
Je te suis et tu t’envoles
Tes yeux ailleurs qu’où je suis
Ton cœur pris d’autres paroles
Et dans l’aveugle aujourd’hui
Mes jours sont des jours de pluie
Je te parle et tu es toute
A des songes de là-bas
Tu me fuis prenant des routes
Que mon pas ne connait pas
Je te suis et je redoute
Au loin ce que tu écoutes.
Amour qu’est-ce que tu vois
Qu’il ne m’est permis de voir
Que disent-elles ces voix
Trop distante pour y croire
Pour moi qu’en toi qui ne crois
Et ne puis quitter ma croix
Cette vie elle s’achève
Amour mon seul absolu
Pour toi des soleils se lèvent
Qui crépuscules n’ont plus
Cette vie est longue et brève
Amour d’au-delà des rêves
Demain n’est pas mon verset
Demain n’est pas mon domaine
Je n’y puis avoir accès
Même au bout de ma semaine
L’avenir qu’est-ce que c’est
Je l’ignore et tu le sais
Tu me dis d’obscures choses
Au seuil des temps lumineux
Et c’est comme avant les roses
Les rosiers ne sont que nœuds
Tout fleurit où tu te poses
Elsa des métamorphoses.
Je ne vous ai jamais vu, madame, quitter votre voile, soit au soleil, soit à l’ombre, depuis que vous avez reconnu en moi le grand désir qui empêche toute autre volonté de m’entrer au cœur.
Pendant que je tenais cachés les beaux pensers qui ont tué mon esprit de désir, j’ai vu votre visage s’orner de pitié. Mais quand Amour vous eut éclairée sur mon compte, alors furent voilés les blonds cheveux, et l’amoureux regard fut en lui-même recueilli. Ce que je désirais le plus en vous m’est enlevé. Ainsi me traita le voile qui, pour ma mort, par le chaud et par le froid, cache la douce lumière de vos beaux yeux.
Ô triste, triste était mon âme
À cause, à cause d’une femme.
Je ne me suis pas consolé
Bien que mon cœur s’en soit allé,
Bien que mon cœur, bien que mon âme
Eussent fui loin de cette femme.
Je ne me suis pas consolé
Bien que mon cœur s’en soit allé.
Et mon cœur, mon cœur trop sensible
Dit à mon âme : Est-il possible,
Est-il possible, – le fût-il, –
Ce fier exil, ce triste exil ?
Mon âme dit à mon cœur : Sais-je
Moi-même que nous veut ce piège
D’être présents bien qu’exilés,
Encore que loin en allés ?
Je fuis la ville, et temples, et tous lieux
Esquels, prenant plaisir à t’ouïr plaindre,
Tu pus, et non sans force, me contraindre
De te donner ce qu’estimais le mieux.
Masques, tournois, jeux me sont ennuyeux,
Et rien sans toi de beau ne me puis peindre ;
Tant que, tâchant à ce désir éteindre,
Et un nouvel objet faire à mes yeux,
Et des pensers amoureux me distraire,
Des bois épais suis le plus solitaire.
Mais j’aperçois, ayant erré maint tour,
Que si je veux de toi être délivre,
Il me convient hors de moi-même vivre ;
Ou fais encor que loin sois en séjour.