Nuit en moi, nuit au dehors

 

 

Nuit en moi, nuit au dehors,

Elles risquent leurs étoiles,

Les mêlant sans le savoir.

Et je fais force de rames

Entre ces nuits coutumières,

Puis je m’arrête et regarde.

Comme je me vois de loin!

Je ne suis qu’un frêle point

Qui bat vite et qui respire

Sur l’eau profonde entourante.

La nuit me tâte le corps

Et me dit de bonne prise.

Mais laquelle des deux nuits,

Du dehors ou du dedans?

L’ombre est une et circulante,

Le ciel, le sang ne font qu’un.

Depuis longtemps disparu,

Je discerne mon sillage

A grand peine étoilé.

Jules Supervielle

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